Guerre en Ukraine, crises, pandémie, chaos social, rejet des pouvoirs, voilà une période bien particulière que nous traversons. Dans cet article, nous verrons que tout cela participe d'un rituel planétaire visant à répéter l'acte de création du cosmos, ceci afin de reproduire le passage du chaos à l'ordre, de l'hiver au printemps, des ténèbres à la lumière.
La fin d'un monde au sens propre du terme signifie qu'il perd sa forme temporaire et retourne vers le chaos, vers l'informe. C'est le cas de nombre de civilisations disparues. Alors que leur civilisation était ordre, elle devint désordre. C'est un passage du manifesté au non manifesté, de la dualité qui composait le monde des formes, le Yin et le Yang, à l'unité ni Yin ni Yang.
Autre symbole du chaos primordial, l'indistinction du Yin et du Yang |
Le commencement d'un monde consiste au contraire à ordonner les forces du chaos pour créer de nouvelles formes, un nouvel ordre. C'est un passage du non manifesté au manifesté qui "sépare" la forme de l'informe, le Yin du Yang.
Sortie du Chaos (de la coupe universelle) du Yin et du Yang, du Roi et de la Reine |
Sur l'image ci-dessus, nous remarquons la sortie du chaos de ces deux grands principes universels en tant que Soleil et Lune, Roi et Reine, Yang et Yin, substance et essence, c'est une représentation de la manifestation au monde. Ils sont l'ordre qui jaillit du chaos en tant que forme ordonnée, et ils y retourneront à la "fin des temps".
Nous l'avons vu maintes fois sur le blog, ce retour au chaos (à l'indistinction) a été imagé dans l'actualité mondiale à travers la destruction des tours jumelles Lune et Soleil remplacées par la tour unique One World avec son architecture en forme de triangles imbriqués, la fin des Daft Punk Soleil et Lune par leur réintégration à la Terre et au centre (Soleil) dans leur clip de fin, la disparition des jumeaux Bogdanoff 3 jours avant et après le nouvel an, qui est le passage de l'entre-deux mondes (cycles ou années manifestées), ou même encore les deux guerres mondiales qui reproduisaient le chaos primordial qui précède l'émergence d'un nouveau monde, monde qui de nos jours s'oriente de nouveau inlassablement vers l'indistinction.
L'indistinction primordiale et sa préparation à la naissance au monde est souvent représentée dans le ventre de la grande déesse, le contenant du monde qui contient cette materia prima originelle.
Le père au contraire est celui qui prodigue la loi et ordonne les formes, leur donnant une image et une limite définie. C'est pourquoi la mère se rapporte plutôt au chaos originel intérieur et le père à l'ordre temporel extérieur. Le fils, lui, doit passer de l'un à l'autre, de la mère au père, du chaos à l'ordre, de l'intérieur vers l'extérieur avant de repartir en sens inverse pour revenir à l'état primordial. C'est le sens de tant de rites initiatiques qui marquent la séparation de la mère et de l'enfant au profit du père terrible, symbole du passage vers la multitude et la maturité.
L'indistinction recherchée de nos jours au sein des populations occidentales mène fatalement vers le chaos et le rejet des lois du Père et de son ordre. Les figures autoritaires qui tentent de nos jours d'incarner l'ordre en remplacement du père ne font en réalité que produire l'effet inverse et accélérer ce processus de dissolution et de retour au chaos.
C'est ainsi que les nations, détruites au cœur même de leurs institutions, sont appelées à se fondre dans la déesse Europe, autre image de la vache sacrée du Taureau, qui comme dans le culte de Mithra représente la force originelle.
Déesse Europe |
Retour au chaos, révolution (retour à un point d'origine) avant de construire un nouveau monde |
Metaphi
4 Commentaires
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A voir maintenant quel ordre va émerger de ce chaos? L'ordre naturel ou l'ordre programmé par une élite? A nous de faire pencher la balance du bon côté
RépondreSupprimerDe nouveau un très bel article ! Je me permets d'ajouter que de cette "codification matricielle" naît toute la différence fondamentale entre, d’un côté, « l’imaginaire » subjectif, changeant anarchiquement suivant les ressentis affectifs et suivant la mémoire individuels à la base de l’imagination passive, et de l’autre, « l’imaginal » objectif, perpétuellement ouvert et disponible à l’activité de l’imagination créatrice de l’homme.
RépondreSupprimerLe mundus imaginalis, du fait de sa position médiane au sein de la manifestation universelle, est identifiable à une sorte de miroir à deux faces, d’une ampleur macrocosmique, ayant pour fonction essentielle de faire l’interface visuelle entre les éternelles Idées/Principes divines, informelles donc non-représentables, et la psyché humaine limitée, obligée de penser via toute une variété de représentations formelles et de figures archétypales familières à son entendement.
Le rôle principal de ce monde animique est de mettre en relation, de transmettre la communication, entre Dieu et l’homme, et inversement (à l’image de la fameuse échelle de Jacob, empruntée dans les deux sens par les anges). Une célèbre formule issue de l’ésotérisme musulman caractérise ainsi de façon concise ce domaine psychique, médiateur entre les consciences individuelles et l’Esprit universel, comme un niveau de réalité subtil « où les corps se spiritualisent et où les esprits se corporifient ».
L’accès à ce monde d’en-haut se trouve donc bien « en nous-mêmes », rentrer en son sein — soit effectuer le grand « Passage », franchir le « Seuil », ouvrir la « Porte du Ciel » — suppose ainsi de renier « l’homme extérieur » au profit exclusif de « l’homme intérieur » et marque le début de la conquête individuelle, par une intériorisation et une vision actives, des états supérieurs de l’être.
Au demeurant, il nous faut ajouter que le domaine de l’imaginal n’est pas soumis au même espace/temps que celui qui conditionne la vie terrestre : il ne peut être répertorié sur aucune carte géographique et ne peut être intégré à aucune frise chronologique.
C’est en se sens que le métaphysicien médiéval Sohrawardî surnommait cet inter-monde des visions théophaniques : Nâ-kojâ-Âbâd, littéralement le « pays du non-où », l’utopia (le « non-lieu »), marquant par là sa situation trans-mondaine, en tant que lieu des possibles (H. Corbin précisait à ce propos que ce situs psychique n’était « pas situé mais situatif »).
De même, il n’y a là-bas aucune sorte de succession temporelle, seule règne la simultanéité a-chronique (ou plutôt synchronique) au sein d’un « éternel présent » (nunc stans), tant anticipatif que rétroactif, à tout moment ré-actualisable : c’est en ce réservoir animique en suspens que se trouvent les grands symboles et autres enseignements universels utilisés par toutes les traditions particulières, c’est là que se déroulent perpétuellement les grands événements cycliques du cosmos derrière les faits et gestes des personnages mythiques, c’est là que se jouent intemporellement les grands épisodes méta-historiques racontés dans tous les récits sacrés (soit l’ « histoire sainte »), c’est là qu’il faut chercher le paradis aussi bien que l’enfer, le continent originel hyperboréen aussi bien que le futur Millénium apocalyptique, l’Orient mystique aussi bien que l’île occidentale d’Avalon, le pays de Cocagne aussi bien que l’Hadès souterrain, le Graal de Perceval aussi bien que la coupe pleine d’immondices de la Prostituée de Babylone, le nectar des Olympiens aussi bien que la ciguë socratique, Cendrillon aussi bien que le grand méchant Loup, l’Adam primordial aussi bien que le Messie à venir…
Très bon article, avec une pensée exprimée simplement, sans l'utilisation du jargon intellectuel des ésotéristes, spirituels ou encore philosophes....On lit, et on comprend.
RépondreSupprimerLe 24 mai dernier le président Macron parle de "décivilisation" . Le jour n'est peut être pas non plus choisi au hasard...
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